"Pierre Weber, l'ancien maire de Nancy de 1961 à 1969, est décédé... à l'âge de 92 ans. Cet homme de convictions, à la personnalité très forte, fut l'un des responsables politiques régionaux les plus en vue de l'après-guerre. Elu municipal durant un quart de siècle, jusqu'à ce qu'une crise sans précédent ne provoque son départ, il exerça également les mandats de conseiller régional, de conseiller général de Meurthe et Moselle entre 1945 et 1979, et de député de Meurthe et Moselle de 1958 à 1978.
S'il était resté très à l'écoute de l'actualité, ne manquant pour rien au monde les retransmissions des questions au gouvernement, on le pensait définitivement retiré de la vie politique. C'est pourquoi, au printemps de cette année, Pierre Weber avait déconcerté, voire choqué, nombre d'observateurs de la vie politique locale en acceptant de figurer sur la liste des candidats du Front National aux élections régionales 2004 en Meurthe et Moselle.
Pierre Weber est né le 8 septembre 1911, à Lyon. Pupille de la Nation en 1918, après le décès de son père lors de la première Guerre Mondiale, il grandit à Thaon-lès-Vosges, terre d'origine de ses grands-parents, puis à Nancy, où il suit ses études secondaires à La Malgrange puis à Saint-Sigisbert, avant d'entamer de brillantes études de médecine. Son diplôme en poche, le jeune généraliste, à la disposition de sa clientèle jour et nuit, installe son cabinet dans la maison familiale de la rue des Tiercelins, où il résidera jusqu'à la fin de son existence.
En 1936, il avait épousé Cécile Beaumel, qui décédera en 1993. Le couple a eu trois enfants, deux filles et un garçon.
L'entrée en politique du docteur Weber date de l'immédiat après-guerre. Durant le conflit, il a participé à la Résistance, ce qui lui a valu d'être arrêté par l'occupant et emprisonné durant deux mois à la prison Charles III. A la Libération, en septembre 1944, il est sollicité pour intégrer le conseil municipal de Nancy, au sein duquel il est régulièrement réélu. En 1961, quand survient le décès du maire Raymond Pinchard, dont il est l'adjoint, Pierre Weber lui succède à la tête de l'Hôtel de Ville sous l'étiquette centre droit. L'année suivante, il adhère aux Républicains Indépendants, fondés par Giscard d'Estaing.
Les huit années au cours desquelles le médecin exerce les fonctions de premier magistrat sont rythmées par le développement de l'urbanisme. Le Haut du Lièvre est en pleine construction. Les quartiers de Saint-Sébastien et de la gare entament sous son mandat leur mutation controversée.
Profondément attaché à l'idée européenne, Pierre Weber n'a par ailleurs de cesse d'oeuvrer en faveur des jumelages. Il effectue en particulier, avec quelques amis, un geste de réconciliation très fort à l'époque: le groupe se rend à Karlsruhe, dont le jumelage avec Nancy date de 1955, pour y donner son sang. Une manière symbolique, dix ans après la fin de la seconde Guerre Mondiale, d'en "finir avec le sang versé".
Titulaire de nombreuses décorations, comme la médaille de la Résistance, Pierre Weber avait été fait, en raison notamment de cet engagement, commandeur de l'ordre du mérite de la République Fédérale Allemande.
L'événement le plus retentissant des "années Weber" à la mairie de Nancy reste toutefois la crise qui, en 1969, secoue le conseil municipal, jusqu'à provoquer sa dissolution en décembre, sur décision du Conseil des Ministres. C'est la publication, en avril de la même année, dans un journal proche du pouvoir gaullien, d'une carte des régions françaises sur laquelle Metz figure comme capitale, qui a mis le feu aux poudres.
Accusé par ses adversaires de ne pas avoir suffisamment défendu les "droits historiques" de Nancy, Pierre Weber fait face à la démission de vingt sept conseillers municipaux.
En juillet, l'élection partielle pour pourvoir à leur remplacement est remportée par les opposants au maire. Ce dernier se retrouve minoritaire au sein du Conseil, où les délibérations sont bloquées.
L'épilogue de l'affaire, qui défraie la chronique, ne survient que cinq mois plus tard, avec cette retentissante dissolution qui entraîne le départ de Pierre Weber.
Ce dernier poursuit toutefois sa carrière politique tout au long des années 70, avant de se retirer de la vie publique pour se consacrer plus pleinement à ses nombreuses passions: philatélie, promenades en montagne, photographie ou encore jardinage". (Les obsèques de Pierre Weber ont été célébrées à la Cathédrale de Nancy, l'ancien maire de Nancy est inhumé au cimetière de Thaon-lès-Vosges).
Voir ou revoir le Docteur Pierre Weber en video ("Lorraine-Soir" 14/12/1968):
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